Semaine 35 : Fraude impliquant des personnalités connues – La face cachée de l’intelligence artificielle

02.09.2025 - La semaine dernière, l’OFCS a reçu de nombreux signalements de la population concernant de fausses publicités et vidéos mettant en scène la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter. À cette occasion, l’OFCS consacre sa rétrospective hebdomadaire à la manipulation de contenus à l’aide de l’intelligence artificielle (IA). Dans le cas présent, la ministre des Finances est présentée dans des deepfakes comme une prétendument partisane de plateformes d’investissement frauduleuses. L’objectif des escrocs est d’exploiter la confiance accordée aux personnalités politiques afin d’inciter la population à se livrer à des activités illicites, en l’occurrence des investissements frauduleux. Dans cette rétrospective hebdomadaire, l’OFCS explique comment reconnaître ces vidéos et publicités frauduleuses et se protéger efficacement.

Depuis quelque temps, de fausses publicités mettant en scène la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter circulent de plus en plus sur les réseaux sociaux tels que YouTube et sur divers sites web. Ces publicités et vidéos sont présentées comme de prétendues interviews et donnent l’impression que la cheffe du Département fédéral des finances (DFF) fait la promotion d’une plateforme d’investissement lucrative. Le choix de cette personnalité n’est pas le fruit du hasard. Les criminels exploitent délibérément la confiance accordée à une personne occupant une fonction officielle de haut rang afin de donner un maximum de crédibilité à leurs offres financières frauduleuses. Les utilisatrices et utilisateurs ont tendance à faire davantage confiance aux vidéos mettant en scène des visages connus qu’aux publicités purement textuelles. En associant une personnalité publique à la promesse de gains rapides et faciles, les escrocs tentent de saper délibérément la capacité de jugement des victimes. Il s’agit là d’une caractéristique typique des escroqueries au placement.

Des visages et des voix – le monde des deepfakes

La technologie qui se cache derrière ces images et vidéos falsifiées est appelée deepfake. Ce terme provient de la combinaison des termes deep learning (une méthode d’intelligence artificielle) et fake (faux). L’IA permet de manipuler des enregistrements vidéo, des photos ou de l’audio pour donner l’impression que des personnes disent ou font des choses qui ne se sont en réalité jamais produites. À cette fin, l’IA est entraînée à partir d’images et de vidéos existantes de la personne ciblée. Grâce aux réseaux sociaux et aux sources accessibles au public sur Internet, il est aujourd’hui facile de trouver des images et des vidéos de personnalités connues (et de nombreuses autres personnes).

Les techniques les plus courantes sont le face swapping, qui consiste à remplacer un visage dans une vidéo par un autre, et le facial reenactment, qui transfère les expressions faciales et les mouvements des lèvres d’une personne à une autre. À cela s’ajoute souvent le voice cloning, soit la reproduction synthétique de la voix d’une personne afin de générer des phrases à volonté. Ce qui nécessitait autrefois des connaissances spécialisées et du matériel onéreux est aujourd’hui accessible à tout un chacun grâce à des logiciels et des applications disponibles gratuitement.

Exemple d’une vidéo deepfake de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter sur YouTube.
Exemple d’une vidéo deepfake de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter sur YouTube.
Exemple d’une publicité frauduleuse pour un investissement en ligne.
Exemple d’une publicité frauduleuse pour un investissement en ligne.

Comment détecter les contrefaçons numériques

Le plus efficace pour se défendre contre ce genre de manipulations, c’est d’avoir une bonne dose de scepticisme et d’esprit critique. Il est surtout important de savoir que les vidéos et les images peuvent être facilement manipulées et mises en ligne sur les réseaux sociaux et les sites web. Avant de se concentrer sur les détails techniques, il faut donc toujours examiner le contexte et le contenu : faites confiance à votre intuition. La plus grande prudence s’impose lorsqu’une offre semble trop belle pour être vraie ou lorsqu’une personnalité publique s’exprime de manière tout à fait atypique. Comparez toujours les informations avec des sources fiables telles que des sites web officiels ou des agences de presse reconnues.

D’autres critères peuvent également indiquer qu’il s’agit d’un faux. La liste de contrôle suivante résume les points les plus importants :

Critère Signal d’alerte / À quoi faut-il faire attention ?
Visage et yeux Clignement des yeux anormal (trop fréquent/insuffisant), regard fixe ou vide, teint de peau incohérent sur les contours du visage.

Bouche et voix

Mauvaise synchronisation labiale, ton de la voix robotique ou sans émotion, pauses étranges ou mauvaise intonation.

Qualité d’image

Bords flous/déformés autour du visage et des cheveux, éclairage irrégulier ou scintillements dans la vidéo.

Contenu et contexte

La personne dit-elle quelque chose de complètement inhabituel ? L’offre est-elle irréaliste ? La déclaration présumée est-elle plausible ?

Source

La vidéo se trouve-t-elle sur une chaîne officielle ? Des médias sérieux en parlent-ils ? Une rapide recherche en ligne permet souvent d’y voir plus clair.

Il existe certes des logiciels permettant de détecter les deepfakes, mais il n’existe pas d’outil magique et fiable à 100 %. La technologie permettant de créer des faux évolue aussi rapidement que celle permettant de les détecter. La vigilance et la connaissance des médias restent donc essentielles pour reconnaître les contenus manipulés.

Recommandations

  • Ne cliquez pas sur les liens contenus dans l’annonce et ne saisissez aucune donnée personnelle. Ne partagez pas la vidéo ou la publicité.
  • Signalez le contenu à la plateforme sur laquelle il a été publié (par exemple YouTube, Facebook ou l’exploitant du site web). C’est le moyen le plus rapide pour faire supprimer le contenu.
  • Signalez le contenu à l’Office fédéral de la cybersécurité (OFCS) : utilisez pour cela le formulaire de signalement officiel.
  • Si vous avez déjà subi un préjudice financier, déposez immédiatement plainte auprès de votre autorité policière cantonale compétente. Sur le site Suisse ePolice, vous pouvez rechercher les postes de police près de chez vous et leurs numéros de téléphone.

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Dernière modification 02.09.2025

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